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où les joies de la création littéraire se mêlent… présentation dans ce blog, nous allons essayer de partager notre goût pour la fiction littéraire. cela peut aller de la science fiction, dont les histoires font preuve d’une certaine vraisemblance scientifique, à la fantasy, qui autorise toute règle, en particulier: la magie. au delà de ça, il s’agit de proposer des récits, aussi bien courts que longs, fruits de votre imagination si vous le souhaitez (en tout cas de la mienne). publié dans : non classã© | le 8 janvier, 2007 | commentaires fermés -- conte de noël l’enfant patientait dans le froid hivernal. il était là depuis l’aurore. la bouche et le nez couverts par une écharpe de laine, celle-ci camouflée derrière les cols d’un épais manteau, la cagoule à la bordure fourrée recouvrait sa tête, et les bottes molletonnées préservait ses pieds du froid. il attendait. le fleuriste l’avait de suite repéré en arrivant au magasin, à cinq heures du matin. il faut dire qu’il ne s’attendait pas à ce qu’on le précède dans l’éveil. pas ce jour ci. le jour du réveillon de noël. le vingt-quatre décembre. il ne s’attendait pas à ce que quelqu’un ait affaire aussi tôt. et d’ailleurs cet enfant semblait véritablement n’être à aucune affaire. mais il était là. planté devant le magasin ; et cela depuis plus trois heures, maintenant. quand à neuf heures, le fleuriste sortit les sapins, l’enfant s’en approcha, prit le temps de lire l’écriteau en indiquant les prix, et revint à sa place d’origine. il se mit de nouveau à attendre. il restait cinq sapins au fleuriste. il n’était pas de ces commerçants qui font de tortueux et combien savants calculs prévisionnels, non. lui, il achetait toujours trop et ne ratait jamais aucune vente. il resterait bien des retardataires prêts à sauter sur le premier sapin venu. et à n’importe quel prix était là son unique calcul. aussi, en ce vingt-quatre décembre, son premier prix était-il de quarante euros, allant jusqu’à atteindre le double pour le plus grand des cinq. il n’y a pas de petits profits. l’enfant, lui, patientait, toujours immobile. et le fleuriste l’avait à l’œil. qui sait ce qu’il ferait, cet enfant, une fois qu’il aurait le dos tourné ? sans doute en voulait-il à un de ses sapins. qui donc pouvait être capable de patienter dès les premières heures du jour, guettant l’instant d’inattention d’un pauvre commerçant, pour lui subtiliser de ses gagne-pain ? un fou, assurément ! mais lui ne se laisserait pas prendre. il ne lui tournerait pas le dos. la dix-huitième heure était déjà bien avancée. et l’enfant attendait. il apparaissait maintenant au fleuriste qu’il ne pourrait vendre ses derniers sapins à un prix si élevé – pas aussi tard. il serait bientôt l’heure de fermer boutique, rejoindre la famille, et il ne comptait pas s’encombrer d’eux après cela. un sapin, passé noël, ne vaut pas plus qu’une fève passée l’epiphanie ; bien moins. aussi afficha-t-il un nouveau prix, unique pour les trois sapins restant, que l’enfant s’empressa d’aller voir. cinq euros. il retourna de suite à sa place. l’heure arriva enfin où le fleuriste dû fermer le magasin et il restait encore deux sapins. il s’approcha alors de l’enfant, rongé par la curiosité, et lui dit : ─ que veux-tu ? mes sapins ? les voilà, je te les donne ! et l’enfant de répondre : ─ fort bien, monsieur, mais je n’en ferais rien. je sais seulement que je suis le personnage central de nombre d’histoires – bien que j’ignore lesquelles. on m’a introduit dans celle-ci pour que je me place ici. là, à cet endroit précis. ─ et c’est tout ? ─ c’est tout. ─ pourquoi aller voir les prix de mes sapins, alors ? ─ une journée entière à ne point bouger, monsieur. parfois on s’ennuie. ─ et c’est tout ? ─ c’est tout. c’est toto, le 24 décembre. il passe la journée devant le magasin d’un marchand de sapin. sans bouger. il fait froid et il est là depuis l’aurore. la journée se termine et le marchand vient le voir. ─ que veux-tu ? demande-t-il à toto. le beau sapin qu’il me reste ? lui comme les autres, tu n’as pas cessé de les lorgner. bah ! je te le donne ! ─ non merci, répond toto. et il rentre chez lui. ─ pardonnez-moi mais je dois me retirer, précisa l’enfant. au revoir ! et tandis que l’enfant quittait la scène, le regardant filer au loin, le fleuriste atterré avait cette pensée modeste : et c’est tout ? publié dans : le coin des nouvelles | le 24 janvier, 2008 | pas de commentaires » -- rébellion enfantine le maître descendit de sa chaire et vint se tenir debout, au centre de la grande salle blanche hexagonale. un pan de mur entier, derrière lui, était recouvert d’un écran géant sur lequel se dessinait, impeccable, la carte du pays ainsi que les zones d’exploitation de différentes matières premières. les élèves lui faisaient face. chacun avait son propre bureau, ne disposant seulement que d’un petit écran, un crayon à fibre optique, et d’un bouton pressoir. l’un de ces boutons clignotait et le maître regardait l’enfant concerné avec une certaine insistance. mais c’est à la classe entière qu’il s’adressa. « en vérité, je vous le dis, si je suis élu président de la république : les enfants se coucheront avec le soleil. » les élèves se regardèrent interrogatifs. aucun ne saisissait le sens de ces paroles. satisfait de son effet, le maître brisa de nouveau le silence, théâtral. « nous venions de regarder en direct, le discours du postulant conservateur à la présidence de notre pays. j’ignore encore pourquoi notre maîtresse nous l’avait fait voir mais quelque chose, dans ce discours, m’avait touché. ce qui me chiffonna plus encore, c’est que notre maîtresse ne semblait avoir aucune réaction quant à cette dernière phrase : « les enfants se coucheront avec le soleil. » moi, ça m’avait troublé. je le faisais déjà. par la suite, j’appris que j’étais le seul parmi mes camarades, à vivre ainsi : au gré du mouvement rotatif de la terre. et je compris alors pourquoi le petit jean dont la casquette trop grande pour sa tête le rendait ridicule à nos yeux – et le resterait plus tard, ajouta-t-il sous les rires de l’assistance – dormait toujours en classe : il suivait un autre cycle, celui de ses envies. trop timide à l’époque, je n’osai pas interroger madame souillon, notre maîtresse, sur les raisons qui l’avaient poussée à nous montrer ces images, ni sur celles qui la maintirent au silence ensuite. elle me répondit en partie cependant, en annonçant que nous devions écrire un commentaire sur ce que nous venions d’entendre. j’en conclus qu’elle espérait, de cette manière, nous pousser à réfléchir sur le sujet et que nous en débattrions ensemble, une fois seulement les textes rendus. j’avais tort. je n’obtins qu’un sept, rien d’autre. » le maître attendit que les derniers rires s’estompent puis repris son explication à l’adresse de l’enfant dont la lumière clignotait, rouge. « cet événement disparut dans l’oubli du passé jusqu’à ce que vous me demandiez, jeune françois, quelles raisons poussaient notre institution à vous imposer des horaires si difficiles, en particulier le matin. » l’enfant regardait son maître avec les yeux de l’espoir. il croyait vraiment pouvoir changer la face du monde avec sa question, du moins celle de tous les enfants. « hé bien, je vais vous décevoir : c’est pour que le sommeil vous profite. » à la seconde même, françois comprit qu’il n’y aurait pas d’autre réponse, qu’il allait devoir se satisfaire de celle-ci. déçu, il se rassit, sous les rires indiscrets de ses camarades. quelques jours plus tard, alors que monsieur pingre faisait un cours de biomécanique, l’idée vint à françois qu’il existait une autre réponse, plus officieuse celle-ci, à sa question. on lui cachait des choses. on cachait des choses à tous les enfants ; chaque minute qui suivait l’amenant à la certitude. l’idée germa, elle devint une obsession. son argument était de taille et il s’en expliqua une fois, pendant la récré, à jérémie, son plus fidèle ami : « vois-tu, jérém’, il y a nécessairement complot des adultes